Originaire du quartier d’Outremeuse, issu d’une famille ouvrière
abonnée au journal La Wallonie dans lequel écrivent alors
François Van Belle et Georges Truffaut, Joseph Coppé est un jeune
étudiant actif dans les mouvements wallons clandestins ; membre de
Jeune Wallonie et de Wallonie libre, proche des Henri Mordant,
François Perin et autres André Schreurs notamment, il fait partie
des jeunes Wallons qui prennent en charge l’organisation du Congrès
national wallon qui se tient à Liège les 20 et 21 octobre 1945.
À la même époque, Joseph Coppé entame des études en sciences
politiques à l’Université de Liège. En 1948, il est le secrétaire de
l’Association wallonne des Étudiants de l’Université, où il
rencontre Fredi Darimont et est en contact avec Jean Schlag. La même
année, il est engagé par Isi Delvigne à la rédaction de La
Wallonie, où il aura l’occasion de côtoyer Fernand Dehousse,
Hubert Rassart, Freddy Terwagne, Maurice Denis, Abel Lurquin,
Marcel-Hubert Grégoire, Henri Derache et André Renard.
Particulièrement séduit par les idées défendues par André Renard et
théorisées lors des congrès FGTB de 1954 et 1956, Joseph Coppé ne
manque aucune occasion, dans ses articles, d’expliquer les
fondements du « renardisme » (l’indépendance syndicale, le contrôle
ouvrier, les réformes de structure ou le fédéralisme). Après la
Question royale, il a l’occasion de tremper sa plume à plusieurs
reprises pour défendre l’école officielle au moment de la
« Question scolaire » et, après avoir contribué à dénoncer les
dispositions de la Loi unique, il décrit les événements de la Grève
wallonne du siècle, durant l’hiver ’60-’61, dont il suit le
déroulement de l’intérieur, au sein de la rédaction du journal
dirigé par Renard. Plus tard, en 1991, il signera une très
intéressante monographie sur ce qu’il appellera
La
révolution wallonne : trente-cinq jours qui ont changé la Belgique.
Désigné par Renard comme secrétaire de rédaction des premiers
numéros du journal Combat, Joseph Coppé restera dans ce
journal pendant cinq ans (1961-1966). Dès l’automne 1961, il est
membre du Mouvement populaire wallon, dont il partage évidemment le
programme généralement simplifié par la formule « fédéralisme et
réformes de structure. Après le scrutin anticipé de mars 1961, le
PSB a été appelé à former une nouvelle majorité gouvernementale avec
le PSC. Le Liégeois J-J. Merlot est alors appelé comme ministre des
Travaux publics et Joseph Coppé est choisi comme attaché de presse à
son Cabinet. L’expérience est de courte durée. S’il a le plaisir
d’inaugurer la nouvelle écluse de Lanaye, faisant ainsi sauter le
bouchon de Lanaye, le ministre est particulièrement critiqué par les
socialistes liégeois lorsqu’il se montre solidaire des autres
membres du gouvernement lors du vote du projet Gilson fixant
définitivement la frontière linguistique (Mouscron-Comines au
Hainaut, Fourons au Limbourg). Désavoué par la fédération liégeoise
du PSB, le ministre Merlot démissionne (novembre 1962). Comme lui,
Joseph Coppé revient à Liège, avec la ferme intention de convaincre
le PSB de mener une politique davantage axée sur la défense des
intérêts wallons.
Comme ce n’est pas le cas, Joseph Coppé choisit de quitter le Parti
socialiste belge en décembre 1964, au moment de l’adoption de la
motion d’incompatibilité entre une fonction au sein du MPW et la
qualité de membre du PSB. Ce n’est qu’au cours de la campagne
électorale d’octobre 1985, au moment où, sous la présidence de Guy
Spitaels, le PS réaffirme ses convictions fédéralistes wallonnes,
que J. Coppé réintègrera, avec Robert Gillon et Georges
Vandersmissen, les rangs du Parti socialiste.
Éditorialiste
au journal La Wallonie depuis 1957, Joseph Coppé exercera les
fonctions de rédacteur en chef de La Wallonie de 1962 à 1987.
Il travaillera sous les directions successives d’André Renard
(1957-1962), de Robert Lambion (1962-1976) et de Robert Gillon
(1976-1988). Chroniqueur de 1987 à 1998 sous la direction de René
Piron (1988-1996), il quitte la rédaction du journal au moment où
celui-ci change de nom et devient Le Matin. Attaché à la
valeur symbolique du titre de La Wallonie, il ne cache
d’ailleurs pas son désappointement au sujet du changement
d’appellation du nouveau quotidien. Tout au long de sa carrière, le
rédacteur en chef avait veillé à faire évoluer « son » journal, en
diversifiant les rubriques, en faisant appel à des signatures
extérieures et en suivant les évolutions technologiques (passage à
la couleur, création de la station FM du journal sous le nom de
« Radio-Liège » dans les années ’80. Président de la section
liégeoise de l’Association des Journalistes Professionnels de
Belgique et, à ce titre, fondateur de la Maison de la Presse de
Liège, il contribua à former plusieurs générations de jeunes
journalistes.
Durant ses cinquante années de journalisme, Joseph Coppé témoigne, à
travers ses articles, ses éditoriaux et ses analyses politiques,
d’une réelle attention à l’égard de la problématique wallonne : il
défend contre vents et marées un projet politique progressiste,
marqué par la défense continue des intérêts wallons et la volonté de
faire aboutir la revendication du fédéralisme. Dénonciateur du
« socialisme du possible », attaché à l’indépendance syndicale de
La Wallonie, Coppé s’attaque régulièrement « au capitalisme,
à ses tares, à ses dérives et à ses faux paravents que sont le
colonialisme, le paternalisme et le néo-libéralisme ». Défenseur
du droit de la population fouronnaise à décider de son sort, il ne
dissimule pas sa sympathie à l’égard du combat mené par l’Action
fouronnaise et par son leader, José Happart.
Sa mise à la retraite en 1998 n’entraîne pas pour autant la mise en
veilleuse de ses convictions puisqu’il fonde, en 1998, l’asbl
Vivons Région, qui se fixe comme objectif de défendre l’idée
régionale en général et la région wallonne en particulier.
Paul Delforge