Institut Destrée - The Destree Institute

               Accueil

Organisation

Recherche scientifique

Education permanente

Conseil

Action

Evénements

 

 
Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

A

B

C

D

E

F

G

H

I

J

K

L

M

N

O

P

Q

R

S

T

U

V

W

X

Y

Z

 

   

Capelleman Germain

    Né à Roux le 5 mars 1925, décédé à Monceau-sur-Sambre le 10 avril 2006

Né dans un milieu de mineurs, Germain Capelleman entre au charbonnage d’Amercœur en 1939 et, parallèlement à son travail, entame une formation à l’École des Mines aux Aumôniers du Travail. Hiercheur, ouvrier à veine, aide-niveleur, porion et aide-géomètre, il devient permanent syndical des Francs-Mineurs, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Permanent jociste (1945), responsable de la section de La Docherie, il devient secrétaire fédéral du Mouvement ouvrier chrétien de Charleroi, suivant ainsi les traces paternelles. Entré en fonction en janvier 1948, il y demeurera jusqu’au 31 mars 1990. Au moment de la question scolaire, il devient secrétaire régional du Comité de Défense des Libertés démocratiques ; de 1954 à 1958, ce comité, où Capelleman représente officiellement le MOC de Charleroi, rassemble toutes les forces catholiques hostiles aux mesures prises par Léo Collard en matière scolaire.

Très tôt, Germain Capelleman prend connaissance des problèmes wallons ; dans sa prime jeunesse, il a connu l’abbé Mahieu, prêtre de son village, chez qui sa mère était servante. Mais ce sont surtout Joseph Bercy et Élie Baussart qui influencent sa pensée wallonne. Membre de Rénovation wallonne en 1947, Germain Capelleman assiste, à ce titre, aux congrès du Congrès national wallon de 1949 à 1959, mais c’est surtout lors des congrès de Rénovation wallonne qu’il intervient. Respectant la discipline du PSC, dont il est l’un des affiliés, il n’a pas pris de position personnelle à l’occasion de la Question royale et des grèves de soixante. Se sentant proche de Joseph Bercy, il se montre critique à l’égard du PSC - il est membre de son bureau -, à qui il reproche de ne pas s’impliquer dans la défense du fédéralisme et de l’autonomie de la Wallonie. « Les grèves de 60-61 ont été pour moi un révélateur. (…) Assez paradoxalement, c’est au travers de notre comportement global de l’époque que j’ai perçu nettement la contradiction du système passé et la nécessité de l’autonomisation nécessaire du mouvement ouvrier par rapport aux partis et bien entendu l’urgente nécessité de l’action wallonne ».

Membre de Wallonie libre, il n’hésite pas à adhérer au Mouvement populaire wallon en 1962. Mandaté par Rénovation wallonne au Congrès d’Action wallonne de Namur, en mars 1963, il privilégie toujours son action à l’intérieur du mouvement wallon catholique, dont il est vice-président (1963), ce qui n’enlève rien à son esprit critique. À la veille du congrès du PSC (décembre 1963), il fait partie de la centaine de cadres du MOC qui rejettent à la fois le régionalisme discret du PSB et le provincialisme étroit du PSC et réclament la mise en place de véritables institutions wallonnes capables de développer l’infrastructure, de définir une politique démographique, une planification économique et une vie culturelle autonome. Membre du Comité d’Action travailliste créé en 1964, il participe à la tentative de rapprochement entre Rénovation wallonne et le Mouvement populaire wallon, en 1964. La démarche n’aura cependant pas de suite concrète immédiate.

En 1967, à l’occasion d’une réunion publique organisée par Rénovation wallonne sur le thème La Wallonie et Bruxelles à l’heure du choix, Germain Capelleman fait la synthèse des positions du mouvement wallon catholique par rapport à la survie de l’économie wallonne. Inscrivant le devenir de la Wallonie dans une perspective européenne, il préconise une union de tous les Wallons autour d’un plan d’ensemble permettant de sauver ce qui peut encore être sauvé et visant la création de secteurs porteurs. Entre autres revendications concrètes, il réclame le développement des réseaux routiers, fluviaux et ferroviaires, la création de raffineries et des investissements en Wallonie équivalents à ceux réalisés en Flandre. Avec Louis Boulvin, André Tilquin et Jean Verjans, il publie une lettre sur les supports de la solidarité wallonne. Pour assurer la reconversion de la Wallonie, les quatre secrétaires du MOC appellent de toute urgence de leurs vœux à la reconnaissance d’une communauté wallonne. Ne s’embarrassant pas de la forme de la structure (fédéralisme, provincialisme…), ils réclament les moyens (Communauté wallonne, parité dans l’État, solidarité francophone) pour le bonheur des travailleurs wallons (janvier 1968). Lors du VIIe Congrès de Rénovation wallonne (mars 1968), Germain Capelleman, rejetant l’unitarisme du PLP de l’époque, développe trois thèmes qui, à ses yeux, sont les plus importants : la reconnaissance de la personnalité de droit public de la Flandre et de la Wallonie, le statut de l’agglomération bruxelloise, la parité francophone - néerlandophone dans l’État. Signataire du manifeste La Wallonie dans l’Europe (mars 1968), il observe que le déclin économique wallon mesuré à l’échelle européenne est considérable (ralentissement de l’économie de plus de 30% en dix ans) et se prononce en faveur d’une réforme institutionnelle profonde. S’il considère légitime la volonté flamande de constituer un grand ensemble avec le Limbourg hollandais et Rotterdam, il demande que la Wallonie ne soit pas prisonnière de Benelux et qu’elle puisse, librement, se chercher les alliances qui lui conviennent le mieux, ainsi que le prévoient les traités européens.

                                                                         

Membre de la Commission économico-sociale de Rénovation wallonne (1968), Germain Capelleman représente ce mouvement au sein de la Délégation permanente des quatre Mouvements wallons. Pendant plus d’un an, il travaille avec des représentants du Mouvement populaire wallon essentiellement à la préparation du premier congrès de la Délégation permanente des quatre Mouvements wallons. Il s’occupe principalement des aspects de politique intérieure. Il prépare aussi activement la journée du 19 avril 1969 au cours de laquelle une grande manifestation d’Action wallonne mobilise les travailleurs des provinces wallonnes (arrêt de travail, cortège de voitures, etc.). En fait, avec Robert Royer, Germain Capelleman est le principal représentant de Rénovation wallonne au sein de la Délégation permanente et, avec Jacques Yerna, il suit de très près l’évolution des travaux de réformes institutionnelles (1969 - début 1970). Ensemble, ils interviennent régulièrement pour souligner les aspects positifs et négatifs des travaux ministériels. Mais des dissensions internes à la Délégation permanente, notamment sur le projet de fédéralisme commun aux quatre Mouvements wallons, met un terme à l’initiative.

Parallèlement, à la fin des années soixante toujours, Germain Capelleman collabore aux travaux du groupe B-Y et apporte ainsi sa participation au rassemblement des progressistes : Quelle Wallonie ? Quel socialisme ? et Priorité : 100.000 emplois, un objectif pour le Rassemblement des progressistes. Il poursuivra dans cette voie en présidant le mouvement Objectif 72, rassemblement progressiste qui veut assurer la rencontre des démocrates et préparer leur action pour une étude précise des réformes nécessaires. En 1970, il figure parmi les fondateurs de l’hebdomadaire Rénovation pour l’union des progressistes et, en 1971, prononce un exposé remarquable sur le devenir de la société wallonne au lendemain de la réforme de l’État. Sa conclusion du moment est que seul le Rassemblement wallon est en mesure de répondre aux aspirations progressistes et fédéralistes des Wallons.

Président de la régionale du MOC de Charleroi, membre de son conseil général (1967) et secrétaire général à partir de 1973, démocrate-chrétien, cheville ouvrière du PSC dans la région de Charleroi, Germain Capelleman avait amorcé l’opération anti-Vanden Boeynants au sein du conseil général du PSC wallon. En 1970, il quitte le PSC pour le Rassemblement wallon et il est choisi comme vice-président de la régionale du RW de Charleroi. En juin, il démissionne de ses fonctions d’échevin du Collège de l’agglomération de Charleroi dans la mesure où le PSC (qui lui avait demandé de siéger pour représenter la démocratie chrétienne) est incapable de mener une politique wallonne claire et décidée. Avec Robert Moreau et André Boland, il lance l’Alliance pour le Renouveau wallon qui présente des listes aux élections communales du 11 octobre. Sur ces listes figurent, à la fois, des membres du Rassemblement wallon et des membres du MOC.

Membre du comité de la section de Monceau-sur-Sambre du Rassemblement wallon (1972), Germain Capelleman répond favorablement à l’appel du président du Rassemblement wallon, Paul-Henry Gendebien, lancé en octobre 1976, mais à la condition de pouvoir insérer dans le programme du Rassemblement wallon les objectifs de Rénovation wallonne. Lors du Congrès doctrinal du Rassemblement wallon (4 décembre 1976), Germain Capelleman se dit favorable à la création d’un État wallon mais se défend de vouloir transformer la Wallonie en un champ d’expérience pour le gauchisme le plus débridé. Le Manifeste Gendebien constitue, dès lors, une réalisation conjointe du Rassemblement wallon et de Rénovation wallonne. Par cette redéfinition du programme du RW, Germain Capelleman espère constituer une majorité de progrès, une confédération de la gauche. Qualifiant de primordiale la solidarité Wallonie-Bruxelles, il soutient les relations privilégiées du Rassemblement wallon avec le FDF. Fédéraliste, il est favorable à une coordination de régions sur le plan européen. Lors du congrès constitutif de Wallonie Région d’Europe, il apporte sa caution à la naissance du nouveau mouvement wallon (Namur, 25 septembre 1986). Membre de Wallonie-Région d’Europe, soucieux de voir les Wallons imposer leur rythme à la réforme de l’État au lieu de subir celui qui est imposé par les Flamands, il est aussi le fondateur du club « Priorité à gauche » en avril 1987. Secrétaire régional du MOC Charleroi jusqu’en 1990, Germain Capelleman a été une figure marquante des milieux sociopolitiques carolorégiens.

Paul Delforge

 

 

L'Institut Destrée L'Institut Destrée,
ONG partenaire officiel de l'UNESCO (statut de consultation) et 
en statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social
des Nations Unies (ECOSOC) depuis 2012
  The Destree Institute The Destrée Institute,
NGO official partner of UNESCO (consultative status) and 
in Special consultative status with the United Nations Economic
and Social Council (ECOSOC) since 2012 

www.institut-destree.eu  -  www.institut-destree.org  -  www.wallonie-en-ligne.net  ©   Institut Destrée - The Destree Institute