Exerçant la profession d’avoué chez Maître Scouflaire à Mons,
Albert Brancart est jeté dans la Seconde Guerre mondiale comme
nombre de jeunes Wallons de sa génération.
Élevé dans une
famille d’origine française nourrissant de vifs sentiments pour
un rattachement de la Wallonie à la France, neveu de Jacques
Dehem, Albert Brancart participe à la Campagne des Dix-huit
Jours puis parvient à éviter l’emprisonnement en Allemagne.
Sensible au message du général de Gaulle, ce combattant de ’40
décide, le 6 mai 1941, de rejoindre le monde libre et plus
particulièrement l’Angleterre ; arrêté par les Gardes mobiles
français, une première fois le 18 mai 1941 à Marseille, il est
emprisonné à Brébant jusqu’au 24 mai ; arrêté une deuxième fois
le 26 mai 1941 à Canfranc, il est emprisonné à Jaca, Pau puis
Gurs jusqu’au 8 avril 1942. Ayant tenté de s’évader de Gurs, il
échoue et écope d’un mois supplémentaire. Toujours décidé à
rejoindre les forces belges en Grande-Bretagne, il est arrêté
une troisième fois le 2 mai 1942 en gare de Barcelone et
incarcéré à Barcelone puis à Miranda jusqu’au 3 août 1943.
Finalement libéré de Miranda, il réussit à s’introduire au
Portugal d’où, à bord d’un hydravion, il arrive enfin en
Angleterre le 2 septembre 1943 pour se mettre au service des
forces alliées. Mobilisé dans l’Armée belge, il passe ensuite
dans les parachutistes de l’Armée anglaise. Accidenté lors d’un
exercice, il est affecté à un service administratif.. Volontaire
de guerre, il entre à l’auditorat général du Haut Commissaire à
la Sécurité de l’État, sous les ordres du lieutenant-général
Ganshof van der Meersch (1944). Officier du SHAEF (Supreme
Hedquaters Allied Expeditionnary Force), secrétaire de
l’auditeur général à Londres, il est chargé de dépouiller la
presse à la recherche de noms de collaborateurs en vue de
l’épuration. Le 17 septembre 1944, il est à Mons ; il participe
aux opérations de maintien de l’ordre et surtout au désarmement
de la Résistance. En février 1946, il quitte sa fonction de
délégué adjoint à la Sécurité de l’État et redevient avoué.
Reconnu comme prisonnier politique, la décision est contestée
par l’État mais finalement entérinée totalement.
En mars 1968, Albert Brancart qui a conservé son idéal en faveur
du rattachement de la Wallonie à la France participe à la
fondation d’un des tous premiers comités provisoires du
Rassemblement wallon. À l’occasion des élections du 31 mars
1968, il est désigné comme premier candidat du parti dans
l’arrondissement de Mons. À la suite d’une erreur administrative
sur le double de la liste sénatoriale, le RW ne peut cependant
pas présenter ses candidats au Sénat, les partis traditionnels
ayant refusé toute forme de compromis. Albert Brancart doit se
contenter de défendre ses chances à la province, comme premier
candidat du district de Mons. Il n’est cependant pas élu.
Vice-président de la régionale Mons-Borinage du RW (1968-1971),
il dénonce la minorisation économique de la Wallonie, le pillage
de ses ressources naturelles et se dit favorable à
l’instauration d’une république wallonne (1976). Membre du
Comité du Hainaut du Mouvement pour le Retour à la France
(1993), il considère que les Wallons sont des Français exilés
depuis 1830. Il l’écrit d’ailleurs dans une lettre à François
Mitterand.
Paul Delforge |