Les organisateurs de cette journée détude mavaient
demandé de ne pas préparer dintervention mais seulement découter et de
réagir. Jai suivi avec beaucoup dintérêt les exposés et jai beaucoup
apprécié ce qui a été dit. Dès lors, que dire encore ?
En fait, les exposés entendus mamènent à formuler cinq
remarques :
1. La plupart des interventions traduisent bien les paradigmes
nouveaux qui émergent depuis une petite dizaine dannées : le
développement local, le territoire facteur de développement, la coresponsabilité des
acteurs, leur mise en réseau comme la mise en réseau des territoires, la préséance de
limmatériel sur le matériel, ... Tout se passe ainsi, comme si à lheure de
la mondialisation, il était impérieux de retrouver des racines profondes, de
sinscrire dans un espace à taille humaine sur lequel on a le sentiment davoir
une certaine emprise.
2. La Région Wallonne semble de plus en plus prendre
conscience que la politique daménagement du territoire ne peut être une politique
à part, déconnectée du développement économique et des autres politiques. Cest
un pas important car aménager un territoire, ce nest pas seulement tenter mettre de
lordre dans les répartitions spatiales (faire du " physical
planning ") mais encore mettre en système un territoire et ses acteurs. La
création récente de la CPDT (Conférence permanente du développement territorial) et
les travaux en cours confiés aux trois grandes universités sinscrivent, par
ailleurs, très bien dans cette volonté de transversalité.
3. Le concept de développement local - que
jai beaucoup étudié et aussi pratiqué en Région Liégeoise dans le cadre du
Groupe LEDA (où Monsieur Frédéric, Directeur de la Socran, a joué un rôle actif) -
implique quelques règles. Il est impossible sans un cadre général qui fixe les
objectifs à atteindre, les stratégies à mettre en uvre, les choix majeurs et qui
facilite la coordination entre les acteurs et les projets; souvent, ce cadre est
déterminé par les États ce qui doit signifier chez nous la Région Wallonne. En fait,
la Wallonie ne manque pas de projets mais elle manque surtout dun grand projet
initié par lÉtat Wallon, projet qui devrait fédérer et organiser toutes les
initiatives. Le développement local implique aussi une masse critique dacteurs,
doù des cadres territoriaux dune certaine taille et non la juxtaposition
dune multitude de micro-actions prises un peu partout. De même, il ny a pas
de réel développement local sans un diagnostic préalable, sans une évaluation ex-ante
et ex-post et aussi en cours de programme. En outre, le développement local implique un
réel professionnalisme et pas seulement des bonnes volontés. Enfin tout indique
quune des plus grandes difficultés est la mise en réseau des projets ce qui
implique celle des acteurs ce qui est généralement très difficile en raison des
nombreuses baronnies ...
4. Attention aux mythes et aux modes ! Les contrats
sont sans aucun doute des outils qui présentent de nombreux avantages en matière de
développement territorial mais ce ne sont que des outils ! Leur efficacité, leur
pertinence dépend et dépendra - comme lont bien montré les expériences
françaises - de leur mode délaboration, dévaluation, de sanction et surtout
de lengagement des acteurs tant du " haut " que de la
" base ".
5. Enfin, le développement régional comme les contrats
territoriaux posent, pour la géographe que je suis, le problème des échelles
spatiales. Si je puis admettre que pour certains contrats ponctuels, on joue à
géométrie variable, je ne crois pas - comme
L. Maréchal semblait le dire - à la fin des " territoires
généralistes ". Ceux-ci me semblent indispensables car comment intégrer
différentes actions et mesures si les espaces diffèrent avec chaque projet ? Je pense
dailleurs que ces territoires généralistes devraient correspondre à des entités
dirigées ou représentées par des partenaires démocratiquement élus et donc
responsables devant les citoyens et émerger comme de vrais espaces de solidarité où les
habitants décident dunir leur destin et de cheminer ensemble vers lavenir,
certains projets concernant peut-être une partie dentre eux et dautres,
dautres groupes. A mon sens, ces nouveaux territoires généralistes ne peuvent ni
être les provinces (souvent trops grandes pour de tels projets), ni même les
arrondissements mais de nouveaux regroupements de communes en
" communautés ", " pays " ou
" réseaux ". Doù lintérêt dune réflexion sur ce
thème, réflexion que nous avions entamée il y a deux ans avec notre collègue, M.
Herbiet, professeur de droit, public et administratif à lULg, à de la demande de
la Région Wallonne, DGATLP.