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Approche générale

La Wallonie, une région économique en mutation - (1995)
Première partie - Deuxième partie - Troisième partie

Michel Quévit
Professeur à l'université catholique de Louvain
Directeur du Rider

Vincent Lepage
Chargé de recherches au Rider

 

2. La phase de reconversion

La restructuration terminée, il fut possible d'aller plus loin dans la seconde phase, celle de la reconversion. Encore en cours, elle se réalise autour de deux processus:

  • une réorientation des filières traditionnelles vers l'aval en privilégiant les innovations technologiques et la recherche de produits à plus haute valeur ajoutée;

  • une plus grande diversification des activités productives vers des secteurs à haute valeur ajoutée et à forte intensité technologique. Il s'agit principalement des secteurs de la pharmacie, des plastiques, des arts graphiques et des nouveaux matériaux (matériaux composites et néocéramiques). La modernisation de ces secteurs s'est effectuée par l'apport de technologies venant soit des laboratoires de recherche régionaux soit de l'extérieur.

Cette phase qui a réellement démarré vers la moitié des années quatre-vingts est en voie d'accomplissement malgré le retournement conjoncturel survenu en 1990.

La période entre 1986 et 1991 a été d'une très grande intensité pour l'économie régionale, comme pour la plupart des autres régions européennes : d'une part grâce à la croissance retrouvée de l'économie occidentale, d'autre part en prévision de l'achèvement du Grand Marché intérieur européen. On peut affirmer qu'au cours de cette période la Wallonie est sortie de sa première phase de restructuration défensive et a réalisé des ruptures culturelles importantes qui lui ont permis d'intégrer dans son approche de développement les nouvelles réalités de son environnement économique : globalisation, nouveaux modes de production, primauté des facteurs immatériels,...

Nous illustrons cette phase de reconversion à la fois par quelques données chiffrées et par quelques exemples concrets relatifs à l'évolution du tissu productif wallon.

Quelques indications chiffrées de la reconversion

Les données ci-dessous montrent l'intensité de l'activité économique wallonne au cours des années 1986-91 : accroissement continu de l'investissement industriel, création importante d'emplois, intensification et diversification des investissements privés en Recherche et Développement.

- L'évolution des investissements :

Avant le retournement de conjoncture, soit de 1986 à 1990, on a assisté à une forte croissance des investissements dans presque tous les secteurs industriels et de services : plus de 10% annuellement (source : INS).

- L'évolution de l'emploi :

Graphique n° 7. Variation sectorielle de l'emploi total en Wallonie entre 1986 et 1991.

En l'espace de cinq ans, l'emploi s'est accru de 77.313 unités, soit un différentiel positif de 8 %. Cette progression constante de l'emploi se répercute tant dans l'emploi salarié qu'indépendant. D'un point de vue sectoriel, ce sont les services qui font la différence avec une création nette de 88.682 emplois tandis que les secteurs agricole et industriel connaissent une légère baisse : perte de 2.215 emplois pour le premier et de 9.154 pour le second.

On notera que l'accroissement de l'emploi dans les services publics est beaucoup moins marqué que par le passé par un gonflement de la fonction publique : l'ensemble des services marchands (commerces et restauration, transports et communications, banques et assurances, services aux entreprises) et des services aux personnes expliquent 86% de l'accroissement d'emploi dans les services contre 14% à la fonction publique (enseignement et administration).

Du côté de l'industrie, la baisse de l'emploi entre 1986 et 1991 ne doit pas masquer la hausse de trois secteurs : l'industrie chimique (+1057 emplois), l'industrie agro-alimentaire (+1035 emplois) et l'industrie du bâtiment (+9121 emplois).

- Les dépenses des entreprises en Recherche et Développement :

Tout à fait caractéristique d'une évolution des mentalités en Wallonie, on constate entre 1987 et 1991 un accroissement des dépenses des entreprises de la région en Recherche et Développement qui est supérieur à celui de la Belgique : +21,3% contre une moyenne nationale de +20% (source : SPPS). Ainsi les entreprises wallonnes investissent dans leur avenir par des achats d'équipements, l'engagement de chercheurs et le financement de recherches externes qui leur permettent de réaliser des innovations des modes de production (donc un accroissement de compétitivité) et des innovations de produits (donc une diversification et / ou un élargissement de leurs marchés).

Graphique n° 8. Parts sectorielles des investissements en R&D des entreprises wallonnes - 1991.

D'un point de vue sectoriel, le graphique n 9 indique clairement la diversification de la recherche et développement des entreprises situées en Wallonie : 32% en chimie, 12% en produits pharmaceutiques, 5% en services (secteur dans lequel la R&D était nulle cinq ans plus tôt). C'est également bon signe, les secteurs plus traditionnels participent à l'investissement en recherche et développement : dans le domaine de l'électronique (17% du total), de la mécanique (15%) et des métaux (11%).

Illustrations de la reconversion

- La reconversion des grandes entreprises :

La plupart des entreprises des filières traditionnelles qui se sont lancées dans des productions en aval sont parvenues à rétablir des bilans positifs en terme de profit.

A ce titre, la reconversion du Groupe Cockerill-Sambre est véritablement exemplaire. Sa santé retrouvée, l'entreprise sidérurgique la doit à une reprise en mains énergique et marquée du sceau de la clairvoyance : là où d'autres adoptaient une attitude de repli défensif, Cockerill-Sambre s'est résolument tourné vers l'avenir. En partant de la constatation fondamentale que ses richesses et ses potentialités essentielles de progrès étaient à trouver au sein de sa clientèle, de ses ressources humaines et de la recherche / développement sur des produits nouveaux et des procédés toujours plus fiables pour la qualité.

Une diversification de la production a donc été opérée vers des produits plus proches des marchés et des besoins spécifiques de la clientèle. C'est depuis 1988 qu'un centre de recherches interne travaille à l'avenir du Groupe en partenariat avec d'autres sidérurgistes, des clients, les universités wallonnes ou les pouvoirs publics régionaux.

Devant les incertitudes du marché et les difficultés rencontrées pour la nécessaire restructuration de la sidérurgie européenne, le Groupe Cockerill-Sambre est conscient qu'il doit jouer sur ses atouts, la valeur de sa main d'oeuvre en premier lieu. La qualité des produits reçoit dès lors une attention toute particulière. Pour ce faire, travailleurs et ingénieurs se réunissent dans des cercles de qualité et de progrès dans lesquels sont analysées les forces et faiblesses des processus de production. Des décisions sont alors prises au niveau de chaque poste de travail pour en accroître l'efficacité.

Enfin, le Groupe s'est donné les moyens de sa stratégie en intégrant différentes branches liées de près ou de loin à l'activité sidérurgique : la distribution de ses propres produits à travers l'Europe, le bâtiment, l'équipement automobile, la mécanique, l'environnement ou les services rendus aux entreprises.

 

- L'investissement étranger en Wallonie :

On enregistre une véritable explosion des investissements étrangers autres qu'américains en Wallonie (croissance de 230% entre 1987 et 1990, source OFI / MRW), en particulier dans des activités à haute technologie et dans les services aux entreprises. La proximité des institutions européennes aidant, on constate une forte concentration de ces firmes multinationales (FMN) au sud de Bruxelles même si Charleroi, Liège ou le Sud-Luxembourg ont également bénéficié de l'accroissement de l'investissement étranger.

La firme Mobil Plastics installée au zoning de Latour à Virton est un exemple de filiale de FMN qui témoigne de stratégies porteuses pour le redéploiement de leur territoire-hôte.

D'un point de vue quantitatif, cette implantation a généré des centaines d'emplois et des investissements substantiels dans une région économiquement déshéritée suite à la crise de l'industrie sidérurgique lorraine.

Mais elle représente également un atout qualitatif pour la région. Cette entreprise occupe en effet une position stratégique dans son groupe, puisqu'elle est responsable, à tous les niveaux de la chaîne de production, d'un groupe de produits performants et sophistiqués pour tout le marché européen et même au-delà. Elle est dès lors peu suceptible de faire l'objet d'une décision de délocalisation "sauvage" de la part des actionnaires étrangers. L'autonomie de décision dont elle bénéficie au sein du groupe est élevée, ce qui lui permet de préférer des relations de proximité avec des fournisseurs locaux, lorsque ceux-ci offrent des conditions compétitives pour leurs produits. Les dirigeants de la filiale américaine, belges pour la plupart, sont en outre investis dans nombre de structures locales, en particulier dans des organismes qui réunissent représentants du monde de la formation et de l'industrie. C'est ainsi que l'on peut dire qu'elle contribue de façon non négligeable à la redéfinition de filières de formation plus adéquates pour le redéploiement industriel de la région.

Enfin, Mobil Plastics se prête volontiers au jeu de la défense de l'image de marque de la région auprès d'autres investisseurs étrangers potentiels, et constitue ainsi un "produit d'appel" de première force pour le Sud-Luxembourg belge.

De manière générale on peut dire que :

  • les FMN ont un impact positif et de long terme pour la reconversion de l'économie wallonne : il n'est pas faux d'affirmer que certaines d'entre elles lui apportent même les germes d'un développement durable;

  • les FMN participent aux objectifs de croissance de la région, qu'elle soit mesurée en termes d'emplois ou d'investissement;

  • toutefois l'ampleur de l'impact positif des FMN en Wallonie dépend grandement du répondant que leur donnent les acteurs économiques, politiques et sociaux de la région : les FMN perdureront chez nous à la condition de trouver un environnement dynamique.

3. De la trajectoire historique d'hier aux trois trajectoires de développement pour demain

Après avoir décrit le passé lointain et proche de l'économie wallonne, il est temps d'en venir à aujourd'hui et aux perspectives de développement pour demain.

De ce qui précède, nous voulons retenir quatre éléments qui caractérisent bien l'économie wallonne.

  • il n'était pas inutile de rappeller combien la Wallonie a pu être une région leader du développement du capitalisme industriel belge et européen;

  • axée sur une mono-industrie (le couple carbo-sidérurgique), la trajectoire historique de la Wallonie a cependant pesé fort longtemps sur ses chances de reconversion, sur sa faculté à rester une économie performante et porteuse de développement productif, social et culturel;

  • la reconversion en cours se fonde à la fois sur l'industrie traditionnelle et sur de nouvelles activités qui diversifient le profil de l'économie wallonne : chimie, agro- alimentaire, services,...

  • la diversification est aussi réelle sur le plan territorial que sur celui des secteurs : le noeud de l'activité productive n'est plus concentré comme avant sur le traditionnel sillon Sambre-et-Meuse.

Une évidence découle de ces éléments : le tissu productif wallon n'est pas (n'est plus) un ensemble homogène, il présente une mutation à plusieurs visages, à plusieurs trajectoires.

En schématisant, nous en distinguons trois :

  • la trajectoire de rupture/filiation propre aux bassins de tradition industrielle tels Charleroi, Liège ou le Sud-Luxembourg;

  • la trajectoire basée sur la science et la production de haute technologie, type de développement que l'on trouve de façon caractéristique au sud de Bruxelles;

  • la trajectoire s'appuyant sur les capacités endogènes du milieu local, voie présente dans les zones rurales de la région.

 

II. Les trajectoires du tissu productif wallon

La trajectoire de rupture/filiation

Le développement régional basé sur une stratégie de rupture/filiation est propre aux régions de tradition industrielle comme le Nord-Pas de-Calais, la Nord-Rhein Westphalie ou la Wallonie. Elle part des entreprises qui veulent rompre avec des produits, des procédés et des modes d'organisation obsolètes tout en ne détruisant pas entièrement l'appareil productif existant.

Cette trajectoire concerne essentiellement les secteurs qui, après une phase de restructuration, ont progressé vers l'aval de leurs filières de production, et qui donc se sont rapprochés des marchés. Elle vise tant les grandes entreprises que d'autres de taille petite ou moyenne; la plupart proches des secteurs traditionnels d'activité, mais aussi parfois en rupture plus nette avec ceux-ci.

 

1. Contraintes à la mise en oeuvre de cette trajectoire

Les exigences du marché (modification des goûts des consommateurs, normes de qualité, pressions de concurrents étrangers) et la capacité d'innovation constituent les principaux déterminants de cette trajectoire. Ainsi le marché (qui est devenu global, rappellons-le) pousse les entreprises à adapter leurs produits, leurs modes de production et d'organisation. Pour ce faire, les entreprises doivent être constamment innovantes, l'innovation devant ici être comprise dans toutes ses dimensions :

  • sur le plan technique pour faire évoluer l'outil à la mesure des changements technologiques,

  • sur le plan du Marketing pour définir les innovations de produits les plus porteuses;

  • sur le plan organisationnel de telle manière que la structure de l'entreprise soit suffisamment souple pour répondre aux défis qui se présentent à elles.

Le territoire local s'appuyant sur cette trajectoire doit dès lors comporter un certain nombre de facteurs d'une importance primordiale pour sa réussite :

  • une main d'oeuvre offrant un savoir-faire technique de haut niveau;

  • un esprit entrepreneurial polyvalent plus orienté qu'auparavant vers les marchés et l'organisation de l'entreprise;

  • une capacité de financements, entre autres pour les investissements de Capital- risque;

  • une offre de services aux entreprises dans les domaines du marketing, de l'organisation, de la gestion, de la Recherche & Développement,...soit une gamme de services stratégiques pour la survie et le développement des firmes;

  • l'insertion des entreprises dans des réseaux de niveau international (entre entreprises, avec des centres de recherche) qui leur donnent accès aux marchés et aux technologies.

 

2. L'action des pouvoirs publics

Les autorités locales et régionales seront particulièrement attentives à la présence des facteurs cités ci-dessus, et plus particulièrement :

  • à la qualité des réseaux d'enseignement et de recherche : répondent-ils aux attentes des entreprises, les jeunes qui en sortent sont-ils "outillés" pour concevoir, innover, produire, vendre,... et ainsi jouer un rôle plein pour le développement de l'entreprise;

  • à l'encadrement des entrepreneurs pour leur offrir les ressources nécessaires au développement de leurs projets : locaux, terrains, laboratoires, télécommunications, services divers;

  • à la disponibilité de sources de financement : banques et sociétés de financement - qu'elles soient privées ou publiques- doivent être en mesure de soutenir le lancement des projets des entrepreneurs régionaux et étrangers;

  • à la constitution d'une offre privée des services qui permettent aux entreprises de concevoir une stratégie de développement.

3. En Wallonie

Traditionnellement orienté vers les marchés à l'exportation, le tissu productif wallon est à même de s'inscrire dans la logique de la "rupture / filiation", mais cette trajectoire rencontre les aléas de l'ancienne culture industrielle et la difficulté des entreprises de fonctionner "autonomement" par rapport à une industrie-motrice telle que l'a été la sidérurgie.

La reconversion des bassins hennuyers et liégeois s'inscrit principalement dans une logique de filiation avec le tissu industriel.

  • Ainsi une tranche de l'industrie wallonne des métaux se caractérise par une évolution vers des matériaux plus sophistiqués, en aval de la filière, par une restructuration des procédés de fabrication, par une spécialisation et une recherche constante des avantages différenciés. Certaines firmes ont montré une aptitude remarquable au renouvellement tant de leur appareil productif que de leur gamme de produits. Elles se sont engagées tôt dans la mutation technologique et ont aujourd'hui un impact économique important: ce secteur présente de nombreuses niches, c'est-à- dire des marchés spécifiques dont l'accès est limité en raison de la maîtrise technique qu'ils imposent à leurs fournisseurs. Proche de productions "sur mesure", ces marchés présentent cependant une croissance potentiellement très forte. (Programme Mobilisateur Nouveaux Matériaux / RW / 1990).

  • Les nouvelles céramiques sont un autre domaine d'activité porteur pour l'avenir : au niveau mondial, leur marché devrait tripler en volume au cours des années nonante grâce à un vaste éventail de débouchés potentiels. Les entreprises fabricants des poudres pourront bénéficier de ce potentiel de croissance. A travers les néocéramiques, la Région wallonne peut donc exploiter un autre secteur porteur. Fer de lance de cette activité en Wallonie, la firme Néocéram fabrique exclusivement des produits en néocéramiques. Néocéram, qui concrétise les efforts de plusieurs sociétés par le développement de ces matériaux, est en phase d'expansion, mais possède les équipements pour aborder les petites et moyennes séries de pièces à haute valeur ajoutée. (Programme Mobilisateur Nouveaux Matériaux/ RW / 1990).

  • Dans le secteur du verre, l'innovation de produits est également de mise : une entreprise comme Glaverbel, fortement implantée en Wallonie, réalise 30% de son chiffre d'affaires actuel en fabriquant des produits qui n'existaient pas sur le marché il y a quinze ans. La même firme développe dans le bassin carolorégien un produit high- tech dont les applications industrielles devraient se multiplier: les micro-billes de verre (Programme mobilisateur Nouveaux Matériaux/ RW/ 1990).

Dans d'autres zones de la Région, les activités se développent plus en rupture avec les industries traditionnelles : ainsi en va-t-il par exemple dans le sud-Luxembourg, le Hainaut occidental, la Basse-Sambre, le sud de Bruxelles et la province de Liège.

  • Suite à l'arrivée de plusieurs grandes firmes multinationales qui sont venues étoffer un tissu régional composé essentiellement de PME, la filière chimique a pris ces dernières années un essor particulier en Wallonie. Elle représente aujourd'hui 11% de l'emploi manufacturier régional (ONSS 1992). Ainsi, la chimie de base, implantée pour l'essentiel dans la Basse-Sambre, constitue pour la zone un véritable pôle avec la présence d'importants investisseurs étrangers qui y mènent tout autant des activités de production que des activités de recherche. Pour le long terme, le potentiel de croissance de ce secteur semble élevé (SGP 1993).

    Il en est de même de l'industrie pharmaceutique dont l'évolution offre d'excellentes possibilités de croissance aux exportations wallonnes : ce secteur comporte un éventail de "niches" potentielles particulièrement porteuses sur lesquelles certaines entreprises de la Région se sont déjà positionnées. Ainsi la firme Eurogentec (Liège) qui a récemment mis au point un vaccin anti-viral, une substance anti-stress et une protéine permettant le transfert direct et sans mortalité des saumons en mer. Ce type de produits d'aquaculture de haute technologie va permettre de répondre à des besoins appelés à croître de manière exponentielle vu l'important développement des fermes d'élevage de poissons. Il existe en effet très peu de produits curatifs ou préventifs pour l'aquaculture (SGP 1993).

    Signe d'une volonté de poursuivre leurs activités en Wallonie, les entreprises des industries chimique et pharmaceutique investissent de façon considérable dans le développement de nouveaux produits et modes de production : ells représentent ensemble pas moins de 44% des dépenses privées en Recherche et Développement effectuées sur le sol de la Région (source : SPPS).

  • Parmi les entreprises liégeoises qui investissent dans la Recherche et Développement, nous constatons qu'à côté des grandes entreprises liées au secteur de la métallurgie, il coexiste une grande diversité d'entreprises (souvent de petite dimension) qui investissent dans les secteurs nouveaux de l'électronique, de la chimie, de l'agro-alimentaire, de la mécanique de précision ou des télécommunications. En 1992 et 1993, les entreprises liégeoises représentaient 40 à 50% des firmes bénéficiant d'une avance récupérable de la Région pour le développement de nouveaux produits et procédés.

La trajectoire de création technologique

Le développement régional basé sur la science et la production de haute technologie est une trajectoire pour laquelle le potentiel technologique de la région est central. Elle s'appuie sur un fort potentiel de recherche scientifique fondamentale et pré-compétitive et se place d'emblée dans la compétition technologique mondiale. Son succès dépend dès lors de conditions très précises qui ne la rendent accessible qu'à un nombre très limité de régions.

D'un point de vue territorial, ce type de développement induit l'apparition du phénomène technopolitain, soit la constitution de parcs d'activités scientifiques et technologiques où se mêlent université, petites entreprises innovatrices d'initiative locale et laboratoires de groupes industriels mondiaux.

 

1. Contraintes à la mise en oeuvre de cette trajectoire

Les contraintes de la trajectoire de création technologique sont liées :

  • à la capacité de maîtriser l'incertitude engendrée par la recherche : tous les programmes de recherche n'aboutissent pas aux résultats scientifiques escomptés, ni à fortiori à une application porteuse de développement;

  • au coût élevé des investissements matériels (laboratoires, équipements) et immatériels (personnel de recherche, acquisition de connaissance, mises en réseaux);

  • à la nécessité d'atteindre une masse critique minimale : la maîtrise d'une spécialité technologique nécessite un investissement minimal en termes de temps et de finances publiques et privées.

Les facteurs impératifs à la réussite de cette trajectoire seront dès lors :

  • la présence de laboratoires de niveau universitaire dont la renommée internationale est reconnue dans au moins deux ou trois spécialités;

  • une longue tradition de recherche dans les domaines ciblés : il faut vingt ans à une équipe de chercheurs pour être performante;

  • un investissement public massif sur des cibles de recherche bien définies, aucun phénomène technopolitain ne pouvant surgir sans engagement durable des pouvoirs publics.

 

2. L'action des pouvoirs publics

Comme il vient d'être souligné, le soutien public est vital au succès de cette trajectoire. Il se concentrera sur :

  • une subsidiation à long terme de la recherche fondamentale et pré-compétitive sur des cibles précises présentant une opportunité réelle d'atteindre un niveau d'excellence;

  • une stimulation des liens entre centres de recherche et l'industrie via des instruments tels que les cellules d'interface;

  • l'offre des facteurs constituant un environnement favorable au développement technopolitain : télécommunications de pointe, services publics et réseaux d'enseignement de qualité, activités culturelles et de loisirs, environnement naturel préservé,...

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Michel Quévit, Vincent Lepage, La Wallonie, une région économique en mutation, dans Wallonie. Atouts et références d'une Région, (sous la direction de Freddy Joris), Gouvernement wallon, Namur, 1995.


 

 

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